Depuis déjà longtemps, j’avais ce désir de réaliser un projet de cadavre exquis seule. J’ai ainsi déterminé un protocole qui me le permettait, tout en respectant les règles supposées du cadavre exquis qui consistent à continuer un dessin dont on ignore la forme. Ce protocole permet de faire correspondre deux séries de dessins (respectivement nommées Alpha et Beta) lorsqu'ils sont placés en damier. Les dessins sont  interchangeables dans chaque catégorie (Alpha entre eux et Beta entre eux). La forme de la présentation est évolutive car elle peut se balader dans l’espace et s’étendre à l’infini, et de façon éparse. Elle peut aussi  occuper entièrement un petit espace clos.

Afin de lui donner un nouveau statut, j’ai décidé de réexploiter ce projet de cadavre exquis dans la rue. Ainsi le dessin se déploie jusqu’à un certain point et s’interrompt quand le lieu le fait comprendre. Les zones choisies sont délimitées par des éléments urbains. L’approche du travail est différente car le geste est illégal et incite à une plus grande efficacité donc à d'avantage de spontanéité. D'autre part, il permet d’entrer en relation avec un passant souvent intrigué. Le travail évolue rapidement, car il subit les intempéries, sinon ce sont les gens qui récupèrent ou arrachent les dessins. Dans ce travail je dessine volontairement des morceaux de corps ou d'objets pour accentuer les résultats étonnants que l'on retrouve dans un cadavre exquis ordinaire.